AGENCE FRANCE PRESSE
vendredi, 19 septembre, 2003


Les prostituées de Lyon chassées de leurs territoires s'insurgent

LYON — Chassées du centre ville vers des friches industrielles, puis repoussées de ces dernières et poursuivies pour racolage, les prostituées de Lyon s'insurgent contre le "harcèlement" des autorités et réclament "le droit de travailler pour vivre".

Dans la nuit de jeudi à vendredi, plusieurs dizaines de prostituées et de travestis se sont assis sur la chaussée et ont bloqué pendant une heure la circulation dans une rue de Lyon, a constaté un journaliste de l'AFP.

Accompagnées de militants d'Act Up, du Planning familial et de membres de l'association Cabiria, d'aide aux personnes prostituées, les manifestantes exigeaient un rendez-vous avec le préfet du Rhône et le maire de Lyon, Gérard Collomb (PS).

"Il faut que la répression s'arrête. Tant que nous n'aurons pas un rendez-vous nous mèneront des actions", a assuré une prostituée, appelée Kassadra, qui a autrement gardé l'anonymat.

"On veut travailler tranquille. On nous repousse de partout, on en a marre", a-t-elle expliqué au commandant du groupe de police venu leur faire dégager la rue.

Toutes les prostituées expriment les mêmes plaintes. "Les policiers sont passés. Ils m'ont dit … tu vas ailleurs …". Mais je vais où, on nous chasse de partout" a témoigné une jeune femme. "Les flics nous chassent, les autres filles nous chassent, on ne sait où aller", a renchérit une autre.

"Les filles ici travaillent pour elles mêmes. Elles ont des enfants à nourrir", a expliqué une troisième. "Dites à monsieurs le maire qu'il nous trouve une place", a enfin supplié une autre.

Les manifestantes ont finalement accepté de lever leur barrage, peu avant minuit, après avoir reçu l'assurance d'un responsable de la police que leurs doléances et leurs demandes d'audience seraient transmises dès vendredi matin aux autorités.

Les personnes prostituées ont aussi obtenu qu'elles pourraient travailler tranquillement le reste de la nuit.

Eloignées dans un coin désert d'une friche industrielle, après que le maire ait pris en août 2002 un arrêté interdisant la prostitution dans le centre ville, les prostituées s'affirment aussi persécutées par les voyous.

Le regroupement sur les quelques centaines de mètres du quai Rambaud et de la rue Montrochet, dans le port industriel, de nombreuses prostituées, françaises et étrangères, femmes et travestis, provoque également de fréquentes querelles de territoire.

Mais, c'est l'ordre donné par la police municipale aux prostituées travaillant dans des camionnettes rue Montrochet d'aller ailleurs, qui a mis le feu au poudre. Déjà, quelques jours plus tôt, les piétonnes avaient été chassés du quai Rambaud voisin, à cause de l'ouverture de la Biennale d'art contemporain de Lyon, dans un ancien entrepôts rénové.

"Elles veulent qu'on les chasse plus sans arrêt des lieux dans lesquels on les a déjà rejetés", explique Martine Schutz Samson, directrice de Cabiria.

Interrogée, une des reponsables de la communication de la mairie de Lyon, Annie Mesplède, explique : "c'était l'inauguration de la Biennale. Il y avait mille cinq cents personnes invitées". Conseiller pour la sécurité à la ville de Lyon, Jean-François Chames, assure que la police se borne à canaliser la prostitution. Quant à délimiter un territoire : "on ne peut pas placer les filles, on deviendrait proxénète", rétorque un responsable de la police nationale.

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Created: January 9, 2004
Last modified: January 15, 2004
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