A pour ACTES, M pour MUTUELS


23. Sommaire
Sommaire

Dans le cadre de ce document, nous avons compilé et examiné différents types de renseignements sur le travail du sexe au masculin au Canada.

Partout au pays, des études se sont penchées sur l'expérience des travailleurs du sexe au masculin en rapport avec les MTS, l'utilisation des services de santé, l'utilisation de drogues par injection, le dépistage du VIH, les connaissances, attitudes et croyances à propos du VIH et du sida, les activités sexuelles pratiquées avec des clients et avec des partenaires et, dans certains cas, avec la séropositivité. Il n'y a presqu'aucune uniformité dans les mesures et dans les échantillons de population utilisés.

En l'absence d'uniformité scientifique, toute synthèse des données devra viser à faire ressortir les éléments communs qu'on retrouve dans ces études.

L'un des éléments qu'ont en commun bon nombre de ces études est celui de l'utilisation du condom. Cela est surtout dû au fait que les questions concernant l'utilisation ou la non-utilisation du condom sont au centre des études sur la prévention du VIH. Cet élément commun n'est pas idéal à cause de la grande variété dans la façon de formuler les questions concernant le condom, ainsi que des variations dans la façon dont les résultats portant sur son utilisation ont été analysés et signalés.270 Pourtant, ce sont ces données qui permettent d'obtenir la synthèse la plus valable et la moins biaisée de ce que l'on sait sur les risques d'infection et de propagation du VIH chez les travailleurs du sexe au masculin, leurs clients et leurs partenaires (voir le tableau, p. 78).

  • Le Comité Badgley (1984) constate que 18 % des jeunes hommes travailleurs du sexe utilisent le condom pour la fellation et 19 % pour les relations anales.
  • Rekart et Manzon (1989) constatent que 88 % des hommes de leur échantillon de marginaux de la rue utilisaient toujours le condom et 100 % de ceux qui se livrent à la prostitution utilisaient toujours le condom.
  • Rekart et coll. (1989) constatent que 85 % de l'échantillon des hommes s'étant identifiés comme travailleurs du sexe au masculin utilisaient toujours le condom.
  • Millson et coll. (1991, 1994) constatent que 61 % des utilisateurs de drogues par injection qui se livrent au travail du sexe utilisent toujours le condom avec leurs clients et 34 % avec leurs clientes. Le condom est toujours utilisé pour les relations anales avec des clients de sexe masculin dans une proportion de 40 %, 67 % et 77 % en 1991-92, 1992-93, 1993-94, respectivement. Selon les études, le condom est toujours utilisé pour les relations vaginales avec des clientes par environ 50 % des répondants dans chacune des trois périodes mentionnées.
  • DeMatteo et coll. (1993) constatent que 100 % des travailleurs du sexe hommes séropositifs sondés dans leur étude utilisent le condom pour les relations anales avec des clients.
  • Lamothe et coll. (1993) constatent que les utilisateurs de drogues par injection qui se prostituent aussi utilisent le condom au moins occasionnellement : 51 % du temps avec leurs clients, 35 % du temps avec des partenaires occasionnels et 10 % du temps avec des partenaires réguliers.

  • Read et coll. (1993) constatent que 54 % de leur échantillon utilisent toujours le condom avec des clients et 85 % avec des clientes.
  • Baskerville et coll. (1994) constatent que 72 % de leur échantillon d'utilisateurs de drogues par injection qui s'étaient déjà prostitués utilisaient toujours le condom pour les relations anales avec des clients.
  • MacDonald et coll. (1994) constatent que 55 % des jeunes hommes de la rue qui se prostituent utilisent toujours le condom.
  • Romanowski et coll. (1994) constatent que 64 % des hommes ayant indiqué qu'ils échangeaient des services sexuels contre de l'argent utilisaient toujours le condom, 55 % des hommes ayant indiqué qu'ils échangeaient des services sexuels contre des drogues utilisaient toujours le condom, et 61 % des hommes qui s'identifiaient comme travailleurs du sexe utilisaient toujours le condom.
  • Shaver et Newmeyer (1996) constatent que 55 % des travailleurs du sexe hommes utilisent toujours le condom pour la fellation et les relations vaginales. Pour ce qui est du type de partenaire, 71 % des travailleurs du sexe hommes utilisent le condom la plupart du temps ou tout le temps pour la fellation avec des clients, 45 % pour la fellation avec des partenaires sexuels, 92 % pour les relations anales avec des clients et 71 % pour les relations anales avec des partenaires.
  • Le District régional de la capitale (1997) constate que 73 % des jeunes hommes travailleurs du sexe sondés utilisaient toujours un condom avec leurs clients.
  • Parent et coll. (1997) constatent que chez les utilisateurs masculins de drogues par injection qui se prostituaient aussi, 36 % utilisaient toujours le condom avec leurs clients, 27 % utilisaient toujours un condom avec leurs partenaires réguliers et 25 % utilisaient toujours le condom avec des partenaires occasionnels.
  • La Village Clinic (1997) constate que 35 % des travailleurs du sexe hommes retenus utilisaient toujours le condom avec leurs clients et leurs partenaires, 50 % utilisaient toujours le condom avec leurs clients et 55 % l'utilisaient toujours avec leurs partenaires.
  • Calzavara et coll. (1998) constatent que 100 % des hommes de leur échantillon de détenus qui avaient échangé de l'argent contre des rapports sexuels n'ont pas indiqué avoir eu de relations anales non protégées.
  • Dufour et coll. (1998) constatent que 96 % de leur échantillon de travailleurs du sexe hommes n'ont pas indiqué avoir eu de relations anales non protégées avec leurs clients; ce pourcentage était de 91 % dans le projet Vanguard (cité dans Dufour et coll., 1998).
  • En 1985, Sansfaçon, dans une revue de la recherche sur le travail du sexe au Canada, a conclu que parmi les travailleurs du sexe hommes, le nombre d'hommes qui utilisent le condom se situait entre 30 et 40 %. Selon la recherche effectuée dans la préparation du présent document, il semblerait que ces chiffres n'aient plus cours. Bien qu'il soit difficile de tirer des conclusions définitives en se basant sur les données du présent document, les constatations sur l'utilisation du condom suggèrent l'émergence d'une tendance.

Prises dans leur ensemble, les preuves ont tendance à réfuter l'étiquette de vecteurs de transmission du sida qu'on colle aux travailleurs du sexe hommes, mais suggèrent plutôt que de plus en plus, les travailleurs du sexe au masculin au Canada se protègent et protègent leurs clients sexuels de l'infection par les MTS et le VIH.

Les prostitués contractent effectivement des MTS, mais les idées reçues à l'effet qu'ils soient l'un des principaux vecteurs de la propagation de ces maladies ne sont cependant pas fondées. Des études épidémiologiques indiquent que les prostitués ne sont pas le facteur premier dans la propagation des MTS. Cela se produit comme conséquence d'une modification des moeurs sexuelles dans l'ensemble de la société et ne peut pas être considéré comme étant le résultat du comportement d'un petit groupe de personnes. Comme indiqué, les prostitués, plus que tout autre groupe dans la société, ont intérêt à s'assurer qu'ils ne sont pas infectés.271 [Traduction libre]

Bien que le résumé des données compilées dans la préparation de ce document contribuent fortement à confirmer l'hypothèse selon laquelle les travailleurs du sexe au masculin au Canada auraient incorporé le sécurisexe dans leurs pratiques sexuelles et professionnelles, il y aurait peut-être lieu de faire une analyse plus approfondie des trois aspects suivants.

D'abord, certaines données indiquent que les hommes qui s'injectent des drogues et qui se prostituent aussi adoptent peut-être des pratiques sexuelles moins sécuritaires que les hommes qui se prostituent mais ne s'injectent pas de drogues. Deuxièmement, certaines données indiquent que les hommes qui se prostituent adoptent peut-être des pratiques sexuelles plus sécuritaires avec leurs clients et leurs partenaires sexuels occasionnels qu'avec leurs partenaires régulieurs ou amants. Troisièmement, des données limitées suggèrent que les hommes qui se prostituent utilisent le condom plus souvent avec leurs clientes qu'avec leurs clients.

Le but du présent document n'est pas de suggérer que ces questions restées jusqu'ici sans réponses ne soient rien de plus que des hypothèses. Les différences dans la façon dont les chercheurs ont conçu et défini le travail du sexe, les périodes que les chercheurs ont jugées fiables, la manière dont les questions ont été formulées, les moyens utilisés pour compiler les données, les stratégies de recrutement, les méthodes d'analyse des données et le manque d'uniformisation — tous ces facteurs ont, jusqu'à présent, nuit à l'élaboration d'une synthèse méthodologique et rigoureuse de la recherche sur le travail du sexe au masculin et le sida au Canada.

En 1985, le Comité Fraser déclarait que : «les prostitués sont très conscients des dangers des maladies transmises sexuellement (STD) et de la réputation qu'ont les prostitués en rapport avec la transmission de ces maladies» [Traduction libre], mais a ensuite qualifié son énoncé en faisant remarquer que la recherche n'avait pas encore corroboré ces dires.272

Nous espérons que ce document aura contribué à rectifié ce problème.



Références

  1. Voir CROSBY, R. A. «Condom Use as a Dependent Variable: Measurement Issues Relevant to HIV Prevention Programs», AIDS Education and Prevention, 1998, vol. 10, no 6, p. 548-57. [back]

271. COMITÉ SPÉCIAL D'ÉTUDE DE LA PORNOGRAPHIE ET DE LA PROSTITUTION (FRASER). La pornographie et la prostitution au Canada : Rapport du Comité spécial d'étude de la pornographie et de la prostitution, Ottawa, Approvisionnements et Services, 1985, p. 395.

272. Ibid., p. 384.

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Created: February 5, 2000
Last modified: February 5, 2000
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