A pour ACTES, M pour MUTUELS


16. Séparer le monde du travail de la vie privée chez les travailleurs du sexe hommes
Séparer le monde du travail de la vie privée chez les travailleurs du sexe hommes

Certaines des études citées dans ce document ont constaté que les travailleurs du sexe au masculin font des distinctions entre leur travail et leur vie privée, et que l'ensemble des règles qui s'appliquent aux clients sont parfois différentes de celles qui s'appliquent aux non-clients. En outre, la familiarité qui s'installe avec des clients réguliers et qui rend plus floue la démarcation entre le sexe commercial et privé pouvait donner lieu à une utilisation moins systématique du condom.214

Ces différences font ressortir les distinctions que font les travailleurs du sexe hommes entre les rapports sexuels personnels et ceux pratiqués dans le cadre de leur travail. Les travailleurs du sexe hommes interrogés dans le cadre de certaines enquêtes canadiennes semblent avoir deux ensembles de règles : un pour les partenaires réguliers et un autre pour les partenaires occasionnels et les clients. Les travailleurs du sexe hommes utilisent parfois le condom avec leurs clients mais pas avec leurs partenaires personnels, parce que le condom peut constituer un obstacle à l'intimité.215

Selon une étude menée en 1992 par l'Organisation canadienne pour les droits des prostituées :

la plupart des prostitués interrogés ont indiqué que, pour eux, les messages incitant à utiliser un condom avec leurs clients étaient des messages sur la sécurité au travail. Ils pouvaient mettre en pratique les conseils offerts par les programmes de prévention dans leurs contacts avec leurs clients. Pourtant, bon nombre ont déclaré ne pas faire de cas des messages sur l'utilisation du condom ou d'une barrière pendant les rapports sexuels avec leur amant ou conjoint. Deux raisons majeures ont été citées pour justifier le défaut de mettre en pratique les messages de prévention lors de contacts sexuels dans la vie privée : a) aucun risque d'infection n'était associé aux contacts sexuels dans la vie privée et b) le risque était perçu comme étant le même que celui auquel est exposé le reste de la population, et la population en général ne semble pas faire systématiquement usage du condom avec les amants ou conjoints … Comme les prostitués font une différence entre leur travail et leur vie privée, les programmes de prévention devront peut-être faire de même s'ils veulent être efficaces. Les programmes de prévention qui s'adressent aux prostitués devront peut-être élaborer un message qui cible les rapports sexuels avec les clients (rapports sexuels dans le cadre de leur travail) et un message séparé pour les rapports sexuels avec les amants ou conjoints.216 [Traduction libre]

Selon une communication faite à Montréal en 1996, les travailleurs du sexe hommes étaient moins enclins à avoir des relations anales avec des clients qu'avec leur partenaire principal et plus susceptibles d'utiliser le condom avec leurs clients, quel que soit le type d'activité sexuelle pratiquée.217

Ces différences sont un autre aspect du travail du sexe au masculin au Canada qu'il faudra explorer plus à fond avant d'être en mesure d'en préciser les répercussions possibles sur les politiques, la sensibilisation et l'intervention communautaire sur le sida.



Références

  1. JACKSON, L. et HIGHCREST, A. «Female Prostitutes in North America: What Are Their Risks of HIV Infection?», dans AIDS as a Gender Issue: Psychosocial Perspectives, publié sous la direction de L. Sherr, C. Hankins et L. Bennett, London, Taylor and Francis, 1996, cité dans DE BRUYN, T. VIH/sida et discrimination : un document de travail, Projet sur les questions d'ordre juridique et éthique soulevées par le VIH/sida, Montréal, Réseau juridique canadien VIH/sida et Ottawa, Société canadienne du SIDA,1998. [back]

215. SANTÉ CANADA. Compte rendu de la réunion sur l'infection à VIH et l'injection de drogue au Canada/The Proceedings of the Meeting on HIV Infection among Injection Drug Users in Canada, Laboratoire de lutte contre la maladie, Ottawa, Santé Canada, 1994.

216. HIGHCREST, A. et MAKI, K. Prostitutes: AIDS Prevention in Their Private Lives, aussi intitulé When Love is Illegal: AIDS Prevention in the Context of the Private Sex Lives of Prostitutes, communication faite dans le cadre de la VIIIe Conférence internationale sur le SIDA, Amsterdam, Pays-Bas, juillet 1992.

217. SHAVER, F. et NEWMEYER, T. Men Who Have Sex With Men: A Comparison of the Sexual Practices and Risk-Taking Behaviour of Gay and Bisexual Men and Male Prostitutes, communication présentée au colloque «Sida, jeunesse et prévention. Au-delà du discours, des actions!» dans le cadre du 64e congrès de l'ACFAS, Montréal, mai 1996.

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Created: February 5, 2000
Last modified: February 5, 2000
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